Qu’est-ce-que l’analyse des pratiques ?

L’analyse des pratiques professionnelles et la supervision sont des espaces progressifs et contenants de professionnalisation et d’évolution personnelle (et d’équipe) au travail.

Ce sont des espaces d’une richesse infinie :

Évaluation responsable, d’émergences de prises de consciences, d’élaboration, de co-constructions, d’échanges de savoirs, de créativité, de dénouement de conflits personnels internes et externes, d’évaluation de ses choix, de formation et découvertes de concepts qui se rapportent directement à un vécu évoqué, de solidarité, de découvertes d’options nouvelles, de cohabitation tranquille de paradoxes, de parole libératrice, de cohésion d’équipe, de prise de recul sur soi, sur ce que l’on considère comme réel, où l’on peut apprendre à faire face à la violence, à intégrer un point de vue sans perdre le sien, à travailler ensemble en collaboration non critique, un lieu d’apprentissage de la collaboration sans jugements, d’analyse des résistances, d’écoute empathique et réelle, de travail de la clinique, de développement d’une meilleur conscience des enjeux, de soi, de son état d’être, et même de respiration, de poésie, de lutter contre la fatigue au travail, et j’en oublie encore beaucoup ! Bref, on y trouve un mode d’apprentissage et de tissage particulier à travers la prise de conscience et l’échange et des nourritures affectives, pratiques et théoriques.

Ce sont des espaces qui doivent être fondés :

J’interviens régulièrement sur des groupes qui ont étés déçus par cet espace et qui sont étonnés de la richesse possible, si un cadre fort est proposé dès le départ dans une ouverture qui reste totale.

Mais il devient nécessaire de clarifier dès le départ, avec l’institution ou l’organisation puis avec le groupe, la différence entre analyse des pratiques professionnelles, supervision et surtout les attentes, illusions, croyances limitantes afin de prendre, ensemble, le temps de fondations solides et sérieuses de cet espace auxquelles il sera possible de se référer.

Pourquoi l’institution souhaite-elle mettre en place ces espaces ? Et les équipes ? Quelles sont les attentes, l’histoire de cet espace dans l’institution ? Quels sont les champs que nous décidons d’investiguer ? Celui de l’interaction entre le professionnel et les bénéficiaires ? Celui des professionnels entre-eux ? Avec l’institution ?   Il est fondamental de prendre le temps de bâtir une cohérence d’action avant de l’entamer et d’obtenir l’adhésion de chacun, sa confiance, ses réserves. Ce qui n’empêchera pas l’ouverture, la créativité, mais en conscience de ce qui est souhaitable, possible et cohérent. C’est avant tout un espace qui doit mettre du SENS, il doit donc lui-même en avoir de manière fondatrice et symbolique. Une convention est toujours rédigée, un code de déontologie et d’engagement réciproques régulièrement proposé.

Ce sont des espaces qui ne servent pas un outil ou une chapelle :

Parfois un animateur intervient en sachant déjà quel outil il va utiliser pour travailler. Je ne connais ni artisans, ni artiste qui sache d’avance cela. Car nous sommes au risque aliénant de devenir les outils de nos outils ou de servir une chapelle. La plus part des intervenants sont en formation tout au long de leur pratique (et sont eux-mêmes en supervision). Ils peuvent donc avoir une approche intégrative des différents outils qu’ils connaissent (Analyse transactionnelle, psychanalyse, systémie, groupes Balint, Gestalt, Approche centrée sur la personne de Rogers, entretiens d’explicitation de Vermersh, etc.) L’institution et les groupes ne sont pas là pour être instruits ou servir une méthode mais pour bénéficier des savoirs-faires d’un intervenants riches et intégrés dans un savoir-être qui interpelle positivement le groupe et le sécurise. L’intervenant propose avant-tout des qualités humaines, une connaissance fine de soi et des fonctionnements de groupes, de la clinique et de divers outils issus de sa recherche et de son expérience comme on en trouve dans les récits de certains professionnels. (http://www.pedagopsy.eu/outils_analyse.htm) la seule condition étant d’être dûment formé et reconnu par ses pairs dans l’utilisation de ces approches.