Qu’est-ce que la médiation ?
La médiation est un processus, par étapes, qui vise à accompagner deux ou plusieurs personnes qui souhaitent rétablir une relation saine. On entend par « relation saine » la même chose que l’idée médicale d’un « corps sain ». Ni plus, ni moins. C’est-à-dire une relation qui soit vraie, authentique, et sans symptômes douloureux pour l’une ou l’autre des personnes. C’est pourquoi il n’est pas nécessaire d’être en conflit pour demander une médiation, on peut aussi simplement vouloir que la relation fonctionne pleinement et permettre de mettre une protection autour de l’essai d’être plus vrai l’une face à l’autre. Mais c’est souvent en cas de conflit. Ce processus permettra ensuite, ou en fin de médiation, de trouver des solutions dans des différents par l’acceptation progressive des différences. Il existe de très nombreuses formes de médiations, presque autant que de personnalités, de styles et de formations de médiateurs… Ce qui est évoqué ici peut-être trouvé sous l’appellation française de médiation généraliste, relationnelle, humaniste ou sous l’appellation québécoise de médiation transformative.
Litige ou conflit ?
On considère qu’un litige est une situation de conflit qui s’est judiciarisée. Le conflit veut alors faire intervenir la règle de droit pour trancher un différent, il est fréquent que la décision du juge ne satisfasse aucune des parties, ou partiellement. En effet, si le droit à le mérite de trancher, il sépare durablement les parties qui restent en conflit. D’autre part, dans le litige, chacun confie sa parole et ses demandes à un tiers, son avocat, qui s’oppose à un autre sans tentative de compréhension, d’écoute réciproque ni de considération pour l’autre qui reste un adversaire. Le conflit au contraire, permet de révéler des tensions, les écouter, les comprendre, retrouver le respect de l’autre et lui donner une chance sensible de vous respecter et vous comprendre également.
Pourquoi avoir recours à un tiers médiateur ?
La médiation fait intervenir un tiers neutre et bienveillant qui permettra, grâce à un cadre fort et une écoute particulière de rétablir la dignité, la légitimité ou le respect de chacun afin que les personnes puissent s’entendre au sens propre puis au sens figuré. Elle permet d’accueillir sereinement les paradoxes sans chercher à les opposer. Le médiateur posera un cadre fort d’écoute réciproque, de non-jugement, de respect. Il invitera tout d’abord chacun à comprendre le cadre de référence de l’autre afin que le conflit ait du sens, qu’il vienne révéler ce dont il fait symptôme, du simple besoin de reconnaissance aux divergences profondes.
En quoi la médiation est-elle transformatrice ?
La médiation est transformatrice de soi et de la relation.
De soi tout d’abord car elle permet d’apprendre, et c’est difficile ! A s’exprimer sans violence, sans exagération et sans agressivité, ce qui est rendu possible grâce à un contexte bienveillant d’écoute empathique et de compréhension véritable. La médiation n’est pas un espace thérapeutique mais elle inclut la totalité de la personne dans son expression, aussi, sans être psychologisante ni tomber dans le drame, d’une façon sobre, elle accueille la totalité des mouvements émotionnels, rationnels, de contraintes matérielles, d’une personne et valide son vécu émotionnel comme vrai pour elle sans contestation possible. Ensuite, il est devenu difficile de s’exprimer sans imposer ses valeurs propres, sans jugements, sans reproches, sans chercher particulièrement à avoir raison au détriment de l’autre (ce qui est souvent le moteur du conflit, avoir « raison ».) … La médiation ne cherche pas de gagnant mais la reconnaissance de deux êtres et de leurs demandes. Elle est transformative et formatrice d’une autre façon de percevoir les autres et soi même. Les autres en tant que potentiellement dignes de respect, révélés comme tels, soi-même comme étant sans cesse dans des interprétations des autres et du monde, dans des catégorisations (bon-mauvais) bref, la tolérance, l’ouverture et une façon de communiquer sans violence peuvent de nouveau s’apprendre dans un contexte où le médiateur protège chacun de toute atteinte quand il ouvre sur son système de pensées, ses contrainte, ses valeurs et peut alors transformer la plainte et le reproche en compréhension et demandes réciproques.
Transformative de la relation ensuite. Le conflit est inévitable. Il est présent dès que deux choses s’opposent, quelles quelles soient, même de façon interne à chacun. Un choix, une contrainte sont systématiquement vecteurs de conflits internes à la personne. Quelque soit la relation entre deux personnes, une personne et une organisation, une personne et une institution, même administrative, la relation porte un potentiel conflictuel, et c’est heureux. Même la relation amoureuse est de préférence une source de conflits, sinon c’est qu’il y a, soit fusion totale, soit emprise grave. Dès que l’un veut et l’autre pas, dès que l’un agit et que l’autre ne comprend pas, dès qu’il y a un acte contraire à une éthique, une culture, une valeur personnelle, il y a conflit. Il est source d’incompréhension. Mais cette source d’incompréhension est parfois source de dialogue, de rencontre, et ensuite de compréhension plus grande, plus vraie. Par contre, les blocages peuvent évoluer en perception négative de la personne toute entière puis en colère voir en haine. Parfois même, comme nous le voyons dans les conflits de voisinage, cette haine devient obsessionnelle, occupe tout l’espace psychique de la personne, parfois même dans son sommeil.
La médiation nous montre au fil des rencontres les interprétations, les malentendus, les peurs de chacun, ses frustrations, et l’autre reprend forme humaine… Et surtout la relation reprend forme humaine et ne redevient pas forcément amicale, mais elle considère chacun avec respect dans ses différences et lui permet de redevenir un interlocuteur.
Peut-on attendre de la médiation des solutions au conflit ?
Bien entendu. Mais ce n’est pas le but premier de la médiation. Sinon ce serait une conciliation. D’abord, elle permet le dialogue. Librement, car si l’une des parties choisi de quitter la médiation, elle peut le faire à tout moment du processus. Puis c’est dans ce dialogue que les deux interlocuteurs qui auront cessé d’affronter pourront confronter, voir considérer leurs points de vue. C’est très différent. Tout d’abord ils seront les acteurs de leurs propres solutions donc ils ne les adopteront que s’ils y adhèrent. Ensuite ils pourront envisager le confort d’une relation d’estime réciproque pour mettre en place les résolutions qui seront adoptées.
Quelles sont les conditions, le cadre et les obligations ?
La médiation se fait uniquement dans les conditions suivantes :
- Le médiateur ne connait personnellement aucune des personnes en présence. Elle les rencontre dans un lieu neutre pour elles.
- Le médiateur défini clairement le cadre financier de ses interventions dès le départ qui fait l’objet d’un accord commun sur le mode de règlement.
- Les personnes en présence sont majeures et capables de discernement.
- Les personnes reconnaissent qu’elles accordent à l’autre le statu de personne c’est-à-dire de dignité et la considération légitimement due à tout être humain même si elles ne s’apprécient pas.
- Le médiateur garantie le secret professionnel total aux parties et obtient leur consentement de ne pas divulguer ni utiliser le contenu des entretiens.
- La médiation commence uniquement avec la libre adhésion des parties et se termine dès que l’une des parties en fait la demande, ceci inclus le médiateur qui pourra décider à tout moment de la fin de la médiation sans avoir à justifier sa décision.
- Le médiateur s’engage à ne favoriser aucune des parties, de façon verbale ou non verbale, si l’un de ses interlocuteurs devait avoir la sensation du contraire il est invité à en faire part simplement et immédiatement au médiateur qui accordera à ce sentiment une importance éthique.
- Chacun entend que le médiateur n’a aucun rôle de conseil, d’expert, ni de critique. Les parties trouveront librement un accord ou non.
- Le médiateur peut entendre les parties séparément, avant la médiation ou sous formes d’apartés, il s’engage à ne pas évoquer de sentiments personnels sur l’autre personne, ni d’avis sur la situation. Il pourra être assisté d’un autre médiateur après accord des parties.
- Le médiateur a suivi une formation longue à la médiation relationnelle ou transformationnelle, il est signataire de la charte de déontologie et est en formation et en supervision tout au long de son exercice.
- Les présentes conditions font l’objet d’un contrat écrit entre les parties.